"Une petite fille en robe et chapeau d¹été blancs agrippe
son ours en peluche. Son regard pointe hors champs. Quelque chose a capté
son attention et l¹espace d¹une fraction de seconde elle hésite
entre menace et excitation. Le tableau capte cet instant fugace. Comme dans
la plupart des tableaux de Thierry Bisch, le fond est sans décor,
aucun ancrage familier. À la place, un lavis bleu canard à
travers lequel remontent des traces d¹une couche de couleur terreuse.
Cela ressemble à du cuivre oxydé, où à un mur
d¹un palais de Toscane, une sensation de couches chromatiques harmonieuses,
d¹un palimpseste, d¹une patine du temps. Une bonne part de l¹impact
du portrait provient de la maîtrise des valeurs émotionnelles
de ces couleurs : L¹orangé chaud de la peau en avant ; Le bleu
suave à l¹arrière plan en fuite ; Le blanc originel qui
plane entre les deux. Et, à l¹instar des grandes affiches communistes
pillant les poses rituelles, couleurs somptueuses et ornements précieux
de l¹iconographie religieuse. Les portraits de Thierry ont une aura
de dévotion éthérée. Ils s¹inscrivent dans
un nouveau et séculier vocabulaire d¹iconolâtrie. (Extrait A. Mathews :"Thierry Bisch" Monographie Ed. Navarra 2003) " |